Text publicat a L'Hebdo-Blog 285 - Chronique Du Malaise
L’expérience de la pandémie Covid-19, ainsi que ladite crise climatique, ont mis en évidence la nécessité radicale d’un calcul collectif des êtres humains pour faire face aux nouveaux défis de la civilisation. Dans un cas comme dans l’autre, il n’y a pas d’issues individuelles mais la nécessité d’un calcul qui introduit la dimension d’un sujet trans-individuel, un sujet qui n’existe et qui n’opère que dans un monde de langage. Ce sujet n’est pas réductible à un organisme vivant dans un environnement supposé « naturel » auquel il faudrait l’adapter. L’idée darwinienne que l’être humain – qu’il soit considéré individuellement ou en tant qu’espèce – vit en s’adaptant à la nature comme un « environnement » est une idéologie que Jacques Lacan avait critiquée à plusieurs reprises en indiquant qu’elle rencontrerait un symptôme irréductible :
« Cependant la science physique se trouve, va se trouver ramenée à la considération du symptôme dans les faits, par la pollution de ce que du terrestre on appelle, sans plus de critique de l’Umwelt, l’environnement : c’est l’idée d’Uexküll behaviourisée, c’est-à-dire crétinisée. » [1]
On peut référer ce que Lacan disait en 1971 de la physique à ce qui est aujourd’hui une certaine écologie, dont la biologie de Jakob Johann von Uexküll a été justement l’un des pionniers et qui a mérité l’intérêt de Lacan dans la mesure où elle a brisé le paradigme évolutionniste de Darwin. Dans le calcul collectif du sujet contemporain, ce n’est pas d’une adaptation de l’être humain aux changements de son supposé environnement dont il s’agit. Il s’agit de prendre au sérieux ce symptôme de la pollution déjà indiqué à ce moment-là par Lacan, signe d’un réel qui est devenu aujourd’hui un réel traumatique et qui laisse hors jeu toute idéologie d’une « adaptation à l’environnement ».
Dans cette perspective, il peut être intéressant de reprendre une notion que l’on retrouve dans les écrits du poète cubain José Lezama Lima et qui se rapproche, à notre avis, de la notion psychanalytique de symptôme. Il s’agit de la notion de « surnature », terme qui n’a rien à voir avec une transcendance divine du surnaturel mais avec les effets du langage sur le réel. La surnature a, pour Lezama Lima, son précèdent dans l’idée de Blaise Pascal à l’orée de la révolution scientifique du XVIIe siècle : « la vraie nature étant perdue, tout devient sa nature » [2], c’est-à-dire, tout devient surnature, image, métaphore, ou encore symptôme, signe d’une perte qui doit être lue alors comme un plus qui fera fonction de boussole pour l’être parlant.
Seule une politique qui prendrait en compte cette dimension d’une perte nécessaire de jouissance dans la production de la surnature pourra répondre autrement aux impasses du réel auxquels nous confrontent les défis actuels de la crise climatique et ses conséquences. Ce serait une politique qui tiendrait compte de la dimension irréductible du symptôme, non pas comme un trouble, non pas comme une erreur qu’il faudrait effacer ou qu’il faudrait adapter à cette réalité ou « environnement », dans une course à l’infini du progrès ou d’une évolution constante, mais comme une réponse du sujet qui a toujours une valeur de vérité face au réel.
C’est pourquoi Jacques Lacan avait promu une politique orientée par le symptôme. Et c’est pourquoi aussi on aurait « bien raison de mettre la psychanalyse au chef de la politique » [3].
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[1] Lacan J., « Lituraterre », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 18.
[2] Pascal B., Les Pensées. Oeuvres complètes, t. 1, Paris, Hachette, 1871. Consultable sur internet : http://www.penseesdepascal.fr/I/I15-moderne.php
[3] Lacan J., « Lituraterre », op. cit., p. 18.
Bon dia, senyor Bassols, espere que es trobe bé, aixina li ho desige tots els dies.
ResponEliminaYo crec que per a viure hem d'acceptar la hipocresia "natural", o la superestructura, la Màtrix, o la sobrenaturalea; El pensament és com un sandwich ab vàries capes i, aixina també la realitat, que pot ser perfectament la corroboració dels nucs lacanians i el llenguage com a eix de tot i del Tot, hem d'acceptar per a viure, el mal, la nostra brutícia o el nostre verí, yo no sé si la superpoblació serà un problema, o hi haurà una estabilisació del número d'habitants en un futur, però com diu Slavoj Žižek i, també tota la història psicoanalítica, cal amar la realitat i, esta té fums i olors, cal amar fins al propi dimoni igual que a Déu, en cas d'existir, tot i que llunt de nosatres el primer, però amar-los a abdós ab tot l'amor que nos pot donar l'estar en el discurs histèric, que concep l'amor. Amar a la falta.
Vosté no ha comprovat que hi ha fills d'amics que nos s'assemblen? És tot un punt contra Darwin. Yo tinc la meua explicació, però no deu ser molt diferent de la que pot tindre vosté i, passa per Lamarck, l'estadi de l'espill o la pregunta que crea a la Història, què vol la mare? Què vol una dona? Què sent una dona? Que es la mateixa pregunta.
En fi, un abraç des del barri de Russafa de Valéncia i, ya, de bestreta li desige un Bon Nadal o Felices Festes.
Vicent Adsuara i Rollan